Allongé sur une plage du Pacifique, je laissais filer le temps au rythme des vagues. Dans ma main, un cocktail coloré faisait danser ses reflets tropicaux. À l’ombre des palmiers, le sable chaud devenait matelas, et le vent portait une odeur de sel et de fleurs exotiques. Tout semblait si parfait qu’on aurait dit une carte postale vivante.
Les yeux mi-clos, je suivais les va-et-vient de l’océan, hypnotisé par son mouvement régulier. Quand soudain, au loin, j’aperçus difficilement trois silhouettes qui se découpaient dans la lumière aveuglante. Elles avançaient vers moi, mystérieuses, comme surgies d’un mirage. Était-ce la chaleur, le soleil ou le rhum ? Peu importe : elles se rapprochaient, et leur sourire m’invitait à les rejoindre dans l’eau turquoise.
Je me redressai, un peu surpris mais ravi, prêt à abandonner mon verre et ma serviette pour plonger dans ce rêve éveillé.
— Hé ! Tu es avec nous ? On reprend à la lettre B !
Un bruit sec me ramena d’un coup à la réalité. J’étais toujours là, au pupitre, instrument en main. J’avais simplement fermé les yeux trop longtemps et laissé mon esprit s’évader. La plage, les palmiers, les silhouettes… tout venait de s’évaporer dans l’air sec de la salle de répétition.
Je souris malgré moi : qui aurait cru qu’une mesure en si bémol pouvait avoir des accents de sable chaud et de cocotiers ?