C’était l’été dernier, dans un petit bar de Rio.
Elle était si belle que son image reste gravée en moi comme une brûlure douce.
Accoudée au comptoir, elle semblait seule au monde. Quelques verres vides lui tenaient compagnie, comme de tristes témoins. Que faisait-elle là, elle, qui n’avait rien à voir avec ce quartier ?
Alors que je m’apprêtais à l’aborder, une main effleura mon épaule. C’était un gamin d’une dizaine d’années, serrant contre lui une vieille boîte remplie de roses fatiguées. Son regard malicieux avait deviné mon intention. Je sortis de ma poche un dollar froissé, et en échange il me tendit la plus belle de ses fleurs.
Quand elle releva la tête, rejetant d’un geste ses longs cheveux noirs, ses grands yeux bleus me transpercèrent. On y lisait la blessure d’un amour disparu. Elle prit la rose, m’offrit un sourire à peine esquissé… puis se mit à danser.
Au milieu de la salle, la chaleur moite collait sa robe à sa peau, soulignant les lignes parfaites de son corps. Ses mouvements étaient à la fois furieux et gracieux. Elle ondulait, libre, et dans cette ivresse je ne voyais plus qu’une chose : la puissance troublante de sa sensualité.