L’automne, ce soir, a répandu sur mon âme son voile de mélancolie tendre. Une voix de soprano, d’une pureté céleste, s’est élevée la première, semblable à l’écho d’un souvenir que l’on croit perdu et qui, soudain, revient hanter la mémoire. Elle flottait au-dessus du silence comme une flamme fragile, prête à s’éteindre et pourtant ardente encore.
À son appel répondirent les cuivres, graves et majestueux, dont les accents semblaient sortir des entrailles mêmes de la terre. Ils entouraient la voix solitaire d’une chaleur sombre, comme un feu de cheminée éclaire la pénombre d’un soir d’octobre.
Puis le chœur s’avança, large et puissant, emplissant l’espace de son souffle immense. On eût dit une assemblée d’âmes invisibles, venues se joindre à cette plainte douce pour lui donner la majesté d’une prière.
Et dans ce dialogue entre voix et instruments, je crus entendre non seulement la saison qui s’éloigne, mais aussi l’écho secret de mes propres songes. Ainsi se révélait, dans l’union de la musique et du temps, tout le romantisme d’automne, qui n’est rien d’autre que l’art délicat de la beauté qui s’efface. »